Lettre ouverte de Marc Gourdeau, Président
Dès le début de la crise sanitaire que nous vivons, nombre d’artistes et d’organismes culturels ont déployé imagination et efforts pour garder les arts présents dans le quotidien de la population confinée : concerts sur le web, rediffusion de spectacles, musées virtuels, littérature et poésie, et le tout, offert à peu près toujours gratuitement. Le milieu culturel a donc, à la mesure de ses modestes moyens, lui aussi, participé à « l’effort de guerre ».
Rappelons que le secteur culturel a été parmi les premiers à être mis sur pause et qu’il risque vraisemblablement d’être le dernier à pouvoir reprendre ses activités « normales ». À cet égard, plusieurs d’entre nous, notamment ceux œuvrant dans le secteur des arts vivants, doutent fortement d’une possible reprise à l’automne. L’absence de signaux clairs, voire même la confusion dans certaines directives gouvernementales, ne font qu’alimenter l’incertitude.
Déjà, pour les régions de Québec et Chaudière-Appalaches, mis à part les grands événements, les impacts mesurés par le Conseil, depuis le 12 mars dernier, sont éloquents. Sur les 130 organismes et travailleurs culturels ayant répondu à l’appel, il est déjà possible de comptabiliser l’annulation de 2 700 événements et manifestations culturelles, totalisant des pertes de plus de 8 millions de dollars. Bien qu’évocateurs de l’étendue de la crise sur le milieu, ces chiffres ne comptabilisent pas les impacts collatéraux sur tout un écosystème et ses communautés : les pertes d’emplois, les résidences d’artistes, les activités de création mises sur pause, les tournages, etc. Nous n’osons évaluer les pertes et les impacts à venir.
Si jusqu’ici, la communauté artistique et culturelle s’est montrée aussi résiliente qu’inventive, elle s’est aussi fortement mobilisée pour, le temps venu, en relancer ses activités. Tous tentent de maintenir l’espoir collectif en gardant le milieu vivant. Tous le font à bout de bras, avec les moyens du bord. À cet égard, nous ne pouvons que saluer les initiatives du gouvernement fédéral et les adaptations successives apportées à ses différents programmes, lesquelles assurent à court terme la survie de plusieurs d’entre nous.
Des directives nécessaires pour concerter les actions
Alors que les annonces s’enchaînent pour soutenir l’économie et les entreprises d’ici, le milieu de la culture, lui, demeure en attente. Après quelques premières annonces rapides, visant à assurer la sécurité financière des organismes et des travailleurs culturels, il faut passer en deuxième vitesse.
Au moment où la relance s’amorce pour certains secteurs, le milieu des arts et de la culture, ainsi que ses principaux acteurs, s’inquiètent de la suite des choses. Plus que jamais, le milieu a besoin d’un leadership gouvernemental fort, que l’État québécois manifeste clairement son parti pris pour la culture et son intention de la soutenir et d’en favoriser la relance. Devant l’urgence de la situation, les membres du Conseil de la culture des régions de Québec et Chaudière-Appalaches, par le biais des onze tables de concertation disciplinaires, ont entrepris une série de rencontres pour élaborer un plan d’action concerté sur l’avenir des arts et de la culture, sur leur territoire.
Il est essentiel de réfléchir, ensemble et dès maintenant, aux meilleures stratégies possibles, au-delà du numérique, pour répondre ainsi aux besoins de tout un chacun et envisager un après-confinement, une prochaine saison, une nouvelle programmation et du public dans nos salles. Le milieu doit pouvoir s’appuyer sur une vision ministérielle et des lignes directrices appropriées à la conjoncture. Tous, incluant les gouvernements, devront faire preuve d’agilité afin d’assurer une reprise efficace. Dans la situation, les membres, le conseil d’administration et l’équipe du Conseil sont disposés, plus que jamais, à collaborer étroitement avec le gouvernement, afin de favoriser une relance durable pour les arts et la culture, et ce, partout au Québec.
Marc Gourdeau est président du Conseil de la culture des régions de Québec et Chaudière-Appalaches et directeur général du Théâtre Premier Acte. Représentant 170 organismes et plus d’un millier d’artistes et de travailleurs culturels professionnels, le Conseil de la culture des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches est le seul organisme à regrouper et à servir l’ensemble des professionnels des domaines artistiques et culturels. De concert avec ses membres, il fait des actions de représentation, de sensibilisation et de promotion auprès de différentes instances, notamment pour la défense des intérêts de la clientèle culturelle et artistique professionnelle, et contribue activement au développement des arts et de la culture sur son territoire.
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