La campagne électorale touche à sa fin et l’on s’approche du jour J. Cependant, force est de constater que les arts et la culture ont occupé peu de place dans les discussions jusqu’à maintenant. Au sortir d’une crise historique, on aurait pu croire que les arts et la culture soient l’objet d’engagements fermes et novateurs. Et pourtant !
Pourtant, afin d’être entendu.e.s, nous sentons le besoin de réaffirmer l’importance des arts et de la culture pour nos deux régions en rappelant qu’il s’agit d’un secteur économique majeur nourrissant la réputation internationale de la capitale et permettant la tenue de plusieurs événements attirant chez nous le monde entier. En effet, selon une étude réalisée en 2018 par l’Institut de la statistique du Québec pour le compte de Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches (CCNCA), les arts et la culture représentaient une valeur ajoutée de 2 milliards de dollars et soutenaient un peu plus de 30 000 emplois, dont 23 000 sont des emplois directs, et 7 000 dans les secteurs touristiques. Cette année-là, les revenus fiscaux générés par le secteur au gouvernement du Québec ont été de 412 millions de dollars, seulement pour nos deux régions.
Pourtant, il nous faut répéter que le secteur des arts et de la culture se remet lentement des conséquences de la pandémie. Les fermetures successives autant qu’une certaine habitude de consommation des contenus sur différentes plateformes numériques ont eu des conséquences sur la fréquentation des lieux de diffusion et des arts en général que nous peinons encore à mesurer.
Pourtant, il nous faut encore parler des conditions de pratique et de travail des artistes et des travailleur.euse.s culturel.le.s, dont plusieurs ont de faibles revenus et très peu d’avantages sociaux, sans compter l’absence totale d’un quelconque filet social, contrairement aux intermittents du spectacle en France, qui bénéficient d’une forme de revenu minimum garanti en tant que travailleur.euse.s autonomes du secteur. Plusieurs ont d’ailleurs choisi de quitter le milieu pour trouver ailleurs de quoi mieux vivre pendant la pandémie ou ont simplement vu leurs revenus augmenter en grande partie grâce… à la PCU !
Pourtant, il nous faudra rapidement aborder la question du financement des arts et de la culture, alors que les programmes spéciaux mis en place durant la pandémie prennent fin, que la poussée inflationniste et la pénurie de main-d’œuvre atteignent le milieu. Alors que nous comptons trop souvent sur la passion et l’engagement des créateur.rice,s pour présenter une offre culturelle à la fois singulière et diversifiée, celle-ci doit désormais trouver sa place dans un monde où les diverses plateformes numériques foisonnent de propositions que l’on consomme chez soi, au détriment de la sortie culturelle. Cette même sortie qui fait pourtant vivre tout un écosystème de commerces de proximité.
Nous étions convaincu.e.s que cette campagne électorale nous permettrait d’aborder ces enjeux d’importance, que les partis, au-delà des quelques engagements pointus, tous aussi louables les uns que les autres, feraient la démonstration qu’ils mesurent pleinement les défis qui devront être relevés et prendraient des engagements d’envergure, permettant d’envisager l’avenir avec optimisme.
Les organismes artistiques, culturels et patrimoniaux devront composer, tout comme les autres secteurs, avec la pénurie de main-d’œuvre, les chocs subis par les chaînes logistiques, l’inflation élevée et les budgets de fonctionnement qui explosent. Pour les petites organisations et les praticien.ne.s individuel.le.s s’ajoute l’importance de diminuer la fracture numérique afin de favoriser entre autres leur développement et leur découvrabilité en ligne.
Pour nous, il faut de toute urgence s’occuper des artistes et des travailleur.euse.s culturel.le.s autonomes, dont une grande part n’ont jamais bénéficié de bonnes conditions de travail. Dans cette perspective, nous avons rendu publique notre plateforme électorale et sommes allé.e.s aux devants des principaux partis actifs sur notre territoire afin d’exposer ces principales recommandations en la matière. Ainsi, au terme d’une tournée de rencontres avec Jeanne Robin du Parti Québécois, Karl Filion du Parti libéral, Marie-Josée Hélie du Parti Conservateur et Étienne Grandmont de Québec Solidaire, nous avons su, conformément à notre mission, faire constater la fragilité de notre écosystème et permettre aux candidat.e.s de mesurer l’importance de leur rôle à titre de futur.e.s subventionnaires. Il convient de hausser et stabiliser les revenus publics avec une portée à long terme, de manière à assurer une transition entre les aides ponctuelles déployées en raison de la COVID et les programmes réguliers qui leur succèderont.
Le secteur des arts et de la culture a maintes fois démontré son importance lorsque venait le temps de faire face à des situations difficiles. Si les gouvernements et la population ont tant soutenu la culture pendant la pandémie ou lors des célébrations du 400e anniversaire de Québec qui se déroulaient en marge d’un crash économique important pour l’occident, c’est qu’ils y croient aussi ! En plus de son indéniable potentiel économique, la culture porte un potentiel immense d’identité et de créativité pour toutes les régions du Québec. Il faut saisir à bras le corps cette occasion de consolider sa position au cœur de notre société.
Christian Robitaille, président de CCNCA
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