Les arts, la culture ainsi que le patrimoine vivant et bâti, sont d’importants vecteurs de notre identité collective et des leviers d’innovation privilégiés. Pendant et au sortir de la pandémie, nos artistes et artisan.e.s ont occupé la place escomptée dans toute société, en rappelant à coups d’objets d’art, de chorégraphies, d’images, de vers et de musique, toute la force et la résilience qui nous habitent.
Le soutien public ponctuel ajouté au financement de base au cours des dernières années a permis au milieu de garder la tête hors de l’eau et d’envisager l’avenir avec optimisme. Sa vitalité a enfin été mise au premier plan des facteurs socio-économiques déterminants pour souder nos communautés et accélérer la relance après la crise.
Or, bon nombre d’organismes et d’artistes constatent des écarts importants entre leurs capacités financières et les changements survenus depuis la pandémie. Au premier chef, les artistes et artisan.e.s sont en droit de s’attendre, comme tou.te.s les travailleur.euse.s du Québec, à une amélioration globale de leur situation. Les standards actuels rendent le milieu moins attractif et les problèmes de rétention provoquent des pertes constantes d’expertise, une spirale vers le bas qu’il faut pouvoir contrer en améliorant les conditions et les salaires.
Aussi, l’inflation provoque une augmentation drastique des coûts en matière de transport, d’équipement, de matériel d’art, de main-d’œuvre technique, de loyer, de vérification comptable ou d’expertise numérique, par exemple. Cela ajoute une pression immense sur les gestionnaires d’organisations et de projets culturels.
De plus, comme pour toutes les entreprises, qu’elles soient de l’économie traditionnelle ou de l’économie sociale, les coûts de production et d’exploitation ont monté en flèche. À lui seul, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 24,9 % entre 2017 et 2023 dans la région métropolitaine de Québec. Déjà préalablement sous le joug d’une grande précarité financière, le milieu culturel échappe encore moins bien que d’autres, aux conséquences de cette statistique.
Le 1er février dernier, tous les organismes artistiques et culturels éligibles au soutien à la mission ont déposé auprès du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), leur première demande de soutien pluriannuel depuis 2017. Si le verdict quant à l’admissibilité et au mérite des organismes et des artistes est remis entre les mains des agent.e.s ainsi que des comités de pairs, il est nécessaire que l’enveloppe globale du CALQ et, plus largement, celle du ministère de la Culture et des Communications (MCC), soient préalablement augmentées de manière significative pour permettre un soutien conséquent. Il s’agit d’une condition de base pour répondre aux besoins des organismes et des artistes.
Selon nos informations, ceux-ci ont justifié dans leurs formulaires de demande, des hausses de 50% à 75 % en moyenne, par rapport à 2017. C’est sans compter le nécessaire accueil de nouveaux organismes désormais admissibles qui attendent depuis longtemps un soutien stable du CALQ, ni les enveloppes dédiées aux projets annuels ou ponctuels.
À l’approche du dépôt du budget, Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches tient donc à réitérer au gouvernement du Québec le caractère essentiel, voire vital, d’une bonification importante des enveloppes du MCC et du CALQ. Les niveaux atteints grâce aux aides spéciales en période et en sortie de COVID doivent devenir la base du financement des programmes de soutien. Dans nos régions, cela équivaut à une augmentation minimale de 45 % par rapport à la dernière année prépandémique (2019-2020).
Nous espérons que le budget du 12 mars permettra au MCC et au CALQ d’avoir les coudées franches pour préserver un milieu fragilisé et le propulser vers l’avant, plutôt que de le contraindre à un statu quo qui, dans le contexte actuel, équivaudrait à un recul catastrophique. Il en va de la capacité du milieu à jouer pleinement son rôle, et même, de la survie de plusieurs organismes, comme de la carrière de beaucoup d’artistes et travailleur.euse.s culturel.le.s.
Cassandre Lambert-Pellerin, présidente
Christian Robitaille, directeur général
Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches
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