Le projet de ressourcerie culturelle, longtemps attendu par le milieu culturel de Québec, a enfin vu le jour dans le courant de l’été 2021. Cette annonce a été faite en présence de dizaines d’acteurs du milieu théâtral et de l’écoconception, le 28 mai 2021, en collaboration avec l’Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ) et Écoscéno. À cette occasion, La Remise culturelle – Ressourcerie (Remise) a présenté les membres de son équipe et l’identité visuelle, inspirée par l’entrepôt qui accueillera les matériaux prêts au réemploi a été dévoilée.
Innovant et responsable, ce projet d’économie circulaire suscite, depuis 2013, l’engouement du milieu. Démarrée en partenariat avec Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, la Remise vise à réduire les conséquences environnementales de la production culturelle en misant sur le réemploi, en remettant en circulation plusieurs items – décors, meubles, accessoires -, appuyant, du coup, l’ensemble de la communauté́ culturelle dans ses activités de création.
Dès le mois de septembre 2021, il sera possible, de profiter des différents services offerts par La Remise en accédant à ses locaux, sis au 1237 rue des Artisans, porte 2, partagés par plusieurs organisations culturelles de la région.
Genèse et contexte du projet
En 2012, Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches a constaté un problème d’approvisionnement et de gestion du matériel et des équipements utilisés par ses membres dans un contexte de précarité financière. En effet, le montage d’une production, qu’elle soit en arts, au théâtre ou en muséologie, requiert l’achat de matériel, neuf ou usagé, qui prend souvent le chemin de l’élimination au terme de l’activité. Cette situation constitue pour plusieurs une préoccupation tant économique qu’environnementale. Un projet structurant de gestion du matériel au bénéfice du milieu culturel devenait donc primordial.
Essentiellement, une ressourcerie culturelle est un projet de gestion de matières qui peuvent être perçues comme résiduelles pour les uns et toutefois essentielles et utiles pour les autres. Le concept est basé sur l’offre de matériel utile à moindre coût et l’élimination responsable du matériel hors d’usage, favorisant ainsi la réduction de l’impact environnemental du milieu.
En 2014, Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches a mandaté la firme Chamard Stratégies environnementales pour réaliser une étude de préfaisabilité visant à valider l’intérêt des membres de Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches (organisations et individus) envers ce projet, à approfondir leurs besoins et attentes, à proposer un concept et des modalités de fonctionnement porteurs et, finalement, à évaluer la faisabilité sur les plans technique et économique. Les résultats de cette étude, soutenue en grande partie par la Ville de Québec, ont été très positifs. S’appuyant sur les conclusions et recommandations issues de l’étude, un plan d’affaires visant le développement d’une ressourcerie culturelle a été réalisé par la firme Zins Beauchesne en 2016. Ce plan d’affaires a aussi été financé en partie par la Ville.
En juin 2017, la Ressourcerie culturelle de Québec et de Chaudière-Appalaches, personne morale sans but lucratif, a été officiellement créée avec son propre conseil d’administration, composé de neuf administrateurs et administratrices. Un concours a également été mis en œuvre auprès du milieu culturel pour arrêter le nom usuel de cet équipement culturel : La Remise culturelle – Ressourcerie (La Remise).
État de la situation dans le milieu culturel de la ville de Québec au regard du réemploi
Pour une vaste majorité de producteurs et de diffuseurs, il est tout simplement impensable de conserver des matériaux, des accessoires, des décors ou des costumes à long terme. L’enjeu de l’entreposage et des coûts qui y sont reliés se pose très rapidement. Il est donc largement établi que peu de ces matériaux sont récupérés, encore moins réutilisés. La réutilisation, la revalorisation et la mise au rebut écologique de la matière sont aussi en phase avec les valeurs écologiques partagées par une très grande majorité d’artistes et de travailleurs et travailleuses du milieu culturel.
Le système de valeurs des acteurs et actrices du milieu culturel est souvent mis à l’épreuve. Sur le plan personnel, ils participent à la régénération de l’écosystème (produire du compost, réduire sa consommation, privilégier l’achat local, etc.), alors que, sur le plan professionnel, privés d’un lieu qui valorise le réemploi, ils doivent souvent aller à l’encontre de leurs valeurs environnementales et humaines en jetant leur matériel qui pourrait être employé à d’autres fins. Dans l’étude de préfaisabilité pour l’implantation d’une ressourcerie culturelle, il a été estimé que pas moins de 676,5 verges cubes (86,7 tonnes) de matériel pourraient être récupérées, seulement auprès des membres de Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches (2014).
Retombées de la remise en matière de développement durable
Selon l’Agenda 21 de la culture du Québec, la culture est considérée comme un des piliers du développement durable. Dans ce contexte, il va de soi que le milieu se doit d’être un agent de changement en matière de gestion écologique de ses ressources.
Le projet de ressourcerie culturelle répond à plusieurs enjeux de développement durable en prolongeant la durée de vie de nombreux objets et matériaux, en plus d’intégrer à ses activités un service d’accompagnement en écoconception afin de permettre aux concepteurs et conceptrices de générer plus de ressources et moins de déchets. Il importe de rappeler l’importance cruciale de la réduction à la source et du réemploi, avant le recyclage, la valorisation et l’élimination, selon le principe des 3RV-E. Ainsi, le déchet qui n’est pas produit est celui qui génère le moins d’impact environnemental. La Remise permet d’atteindre cet objectif.
La Remise repose sur le fait de conditionner et de réutiliser les articles autant de fois que possible. Ce projet s’inscrit aussi parfaitement dans les nouveaux mouvements d’économie circulaire. Des objets et des matières acquis, construits et créés dans le milieu culturel, avec des fonds destinés à la culture, circulent de nouveau ou sont revalorisés par ce même milieu. Cette façon de traiter la matière, au lieu de la mettre au rebut, se traduit également pour les organismes et les artistes par des économies substantielles en frais d’entreposage et d’achat de matériel. Ces économies devraient permettre, entre autres, un transfert de certaines dépenses matérielles vers des dépenses en ressources humaines et artistiques, là où les besoins sont criants.
Quelques exemples ailleurs
De par le monde, les initiatives de récupération, de réutilisation et d’économie circulaire, dans le domaine culturel, foisonnent. Plusieurs modèles, souvent mis en place depuis un certain nombre d’années, font état de la pertinence et de l’efficacité des mesures. À leur échelle, ces organismes, entreprises ou initiatives ont un impact indéniable, tant sur l’environnement que sur le budget des organismes qui bénéficient de leurs services, sans parler des aspects sociaux et humains, qui sont au cœur de l’approche environnementale. Les exemples de la Réserve des arts et d’Art-Stock (France), de Material for the arts (New York) et, plus près de nous, d’Écoscéno (Montréal) sont patents et on démontrer que cette structure est non seulement possible mais utile pour tous.
Outils et références
Présentation du projet de La Remise culturelle – Ressourcerie
Le Remise culturelle - Ressourcerie offre au milieu culturel une vaste gamme de services de gestion de matériel utiles à la...
PDF - 4 MoVous pourriez vous intéresser à ceci :
La Remise culturelle – Ressourcerie voit enfin le jour !
Le projet de ressourcerie culturelle, longtemps attendu par le milieu culturel de Québec, verra enfin le jour dans...